L'impératif d'une révolution énergétique dans les régions rurales sénégalaises
L'énergie est plus que vitale, c'est le pouls même de la société moderne. Malheureusement, dans de nombreuses contrées rurales, l'accès à des services énergétiques modernes reste un luxe. Aujourd'hui, plus de 90% des ménages ruraux dépendent de la biomasse pour leurs besoins de cuisson, créant ainsi un cycle de dépendance aux effets néfastes.
Le 20 avril 2024, sous une canicule étouffante, une scène révélatrice s'est déroulée en plein cœur de la brousse. Des femmes, accompagnées de jeunes filles, ont entrepris un voyage épuisant pour collecter du bois mort dans la forêt de Touba-Fouladou, située à près de 10 km de leur village. Chargées de charrettes, avec des enfants sur le dos, ces femmes sont les piliers invisibles de leur communauté, mais aussi les premières victimes des effets dévastateurs de la dépendance à la biomasse.
Cette dépendance au bois de chauffage a des répercussions dévastatrices sur la santé et le bien être des femmes, sur l'économie locale, sur l'environnement et sur le climat. Mme Daba Faye, une figure de proue dans sa communauté, souligne la nécessité pressante d'accéder à des foyers améliorés et ultimement au gaz pour soulager le fardeau des femmes rurales.
Selon Mme Daba FAYE, chaque ménage devrait stocker au moins dix charges de charrettes, ce qui équivaut à environ 5 tonnes de bois mort pour satisfaire ses besoins de cuisson de juillet à octobre (période hivernale). Consciente de la pénibilité de cette tâche, elle a également lancé un appel pour obtenir un soutien en faveur des femmes afin qu'elles puissent accéder à des foyers améliorés, ce qui leur permettrait d'économiser leurs combustibles.
Dans un pays où les contrastes sociaux et énergétiques sont criants, il est temps d'agir. Les nouvelles autorités portent les espoirs d'un peuple fatigué, et il est impératif qu'elles répondent à l'appel des femmes rurales en améliorant leurs conditions de travail par le biais de l'accès à des sources d'énergie de cuisson modernes et durables, ainsi que d'autres services essentiels notamment l'eau.
Les défis sont nombreux : consommations abusives, manque d’information et d’organisation, l’enclavement, …, autant de facteurs bloquants qui inhibent et endiguent les communautés dans ces pratiques médiévales. Par ailleurs, les opportunités sont également grandes, notamment l’adoption de foyers améliorés, l’utilisation des combustibles renouvelables (le biogaz et le bio-charbon) issus de la valorisation des déchets organiques, mais aussi avec la promotion du gaz butane. Tout cela soutenu par un mécanisme de diffusion pour lafacilitation de l’accès et de suivi évaluation va permettre de réduire considérablement les pertes économiques et environnementales enregistrées inutilement.
Restez à l’écoute pour découvrir en profondeur ces solutions prometteuses et d'autres perspectives visant à transformer la réalité énergétique de nos communautés rurales en particulier.
Abdou NDOUR, Coordinateur Enda Energie - Zone Sud
