Structuration de la réponse aux pertes et dommages climatiques au Sénégal : un dialogue national pour des solutions adaptées et stratégiques
Les 24 et 25 mars 2025, ENDA Énergie, en collaboration avec le Ministère de l’Environnement et de la Transition Écologique (METE), le COMNACC (Comité National Changement Climatique), l’AFD (Agence Française de Développement) et l’IIED (Institue International pour l’Environnement et le Développement), a organisé à Dakar un atelier national de Dialogue d’apprentissage partagé sur les pertes et dommages climatiques. Cette rencontre multisectorielle a réuni des experts, des élus locaux, des représentants de communautés affectées, des universitaires, des institutions techniques, des parlementaires et des acteurs de la société civile autour d’un objectif central : coconstruire une architecture nationale d’évaluation des pertes et dommages (P&D) climatiques, à partir des réalités locales et selon les exigences méthodologiques internationales.
Face à une intensification des aléas climatiques tels que les inondations, la salinisation des terres ou encore l’érosion côtière, certaines zones du Sénégal – notamment Joal, Palmarin, Dionewar, Kafountine et Saint-Louis – subissent des pertes de plus en plus graves, tant matérielles qu’immatérielles. Ces impacts dépassent les seules dimensions économiques et touchent également aux aspects non quantifiables comme la perte de modes de vie, la dégradation de la biodiversité, la détérioration du tissu social ou encore l’effacement progressif de patrimoines culturels. Dans ce contexte, la tenue de cet atelier représente une réponse stratégique à la nécessité de doter le Sénégal d’outils de mesure et de justification rigoureux, indispensables pour accéder au fonds international sur les P&D, instauré à la COP28.
L’atelier s’est distingué par son approche participative et intégrée, fondée sur la complémentarité entre expertise scientifique, savoirs endogènes et retours d’expérience locaux. À travers des sessions techniques, des communications introductives et des groupes de travail thématiques, les participants ont mené une analyse approfondie des typologies de pertes recensées dans les zones ciblées. Ils ont confronté les réalités locales aux exigences d’évaluation méthodologique, en s’appuyant sur des outils tels que le C-CIQ (Cadre de quantification complète de l’impact climatique), afin d’en proposer des versions contextualisées et opérationnelles.
Les résultats issus de ce dialogue sont multiples et significatifs. Cela a permis d’harmoniser les typologies de pertes et dommages à prendre en compte dans les études de cas et de documenter les initiatives de mitigation déjà mises en œuvre par les collectivités, les services techniques et les organisations communautaires. Surtout, les outils de quantification ont été amendés de manière collaborative, pour tenir compte des spécificités écologiques, socioéconomiques et culturelles des territoires concernés. Les travaux ont également permis de faire émerger des recommandations concrètes pour intégrer les P&D dans les instruments de planification locale, les politiques publiques sectorielles et les négociations internationales sur le climat.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de structuration d’une expertise nationale sur les P&D, capable de produire des données robustes, d’alimenter des demandes de financement crédibles, et de porter des arguments légitimes dans les forums internationaux. Elle permet ainsi au Sénégal de mieux défendre ses intérêts dans les espaces de gouvernance climatique, tout en renforçant la résilience de ses territoires face aux crises environnementales. En définitive, l’atelier a marqué une étape déterminante vers une réponse systémique, territorialisée et souveraine aux pertes et dommages climatiques – un chantier fondamental pour la justice climatique et le développement durable du pays.
